Du
Coll�ge de Gen�ve au Coll�ge Calvin
(historique)
Par
le Professeur Olivier FATIO
adapt� par le Professeur Jean-Pierre GAVILLET
C'est � la
fin du moyen �ge qu'un premier coll�ge voit le jour � Gen�ve: le 24 f�vrier
1428, le Conseil G�n�ral d�cide d'�riger une �cole � Rive, pr�s du
couvent des Franciscains. On y dispense les arts lib�raux, enseignement prop�deutique
aux �tudes universitaires qu'en ce temps-l� les Genevois sont contraints de
suivre � l'�tranger. A la veille de la R�forme, ce coll�ge n'est plus que
l'ombre de lui-m�me.
La premi�re �cole obligatoire
En adh�rant
� la R�forme, le 21 mai 1536, le peuple de Gen�ve d�cide de remodeler
l'enseignement, de le rendre obligatoire
- et gratuit pour les pauvres. Un
nouveau coll�ge est fond�, sis dans le couvent des Franciscains de Rive. Il
devient florissant apr�s l'arriv�e de Calvin et de ses collaborateurs. Assez
vite cependant, inspir� par l'exemple des �coles fond�es par les Fr�res de
la vie commune et par l'id�al humaniste incarn� par Jean Sturm de Strasbourg
et son ancien ma�tre Mathurin Cordier, le R�formateur per�oit la n�cessit�
de le transformer. Cette pr�occupation se fait d�j� jour dans les Ordonnances
eccl�siastiques de 1541�: ��Il
faudra dresser Coll�ge pour instruire les enfants aux langues et sciences
humaines afin de les pr�parer tant au minist�re qu�au gouvernement civil.��
Il faut
cependant attendre le 29 mai 1559 pour que soient promulgu�es les Leges Academiae Genevensis
(Ordre du Coll�ge de Gen�ve) qui donnent � la R�publique non seulement un �tablissement,
d'enseignement secondaire, mais une universit�. Pour s�en tenir au Coll�ge,
on rel�vera notamment les principes �ducatifs suivants: l'instruction n'est
pas r�serv�e aux seuls �l�ves destin�s au minist�re pastoral ou au service
de l��tat; elle vise � faire de chaque �l�ment un chr�tien capable de
rendre compte de sa foi. D'un point de vue pratique, les �l�ves sont r�partis
en classes selon leur niveau�; on organise des examens pour passer de
l�une � l�autre�; et on r�compense les meilleurs par des prix lors de
la c�r�monie des Promotions. Le coll�ge, dirig� par Th�odore de B�ze,�
conna�t un rapide succ�s, il atteint 2000 �l�ves en 1566, deux ans
apr�s la mort de Calvin.
L��poque moderne
Jusqu' XIXe
si�cle, le programme couvrant � l'origine une soixantaine d'heures
hebdomadaires ‑ Th�odore de B�ze �tait afflig� lorsqu'un �l�ve ne
travaillait pas plus de quatorze heures par jour (�!) est demeur�
pratiquement inchang�: c'est � partir des textes anciens lus dans leur langue
d'origine (latin et grec) que se fait l'apprentissage de l'histoire, de la g�ographie,
de la mythologie et des arts du langage. Bien s�r, un enseignement religieux
fond� sur le cat�chisme de Calvin fait partie de l'enseignement. On notera
qu'il faut attendre le XVIIIe si�cle pour que les �tudes, jusque-l� r�duites
aux humanit�s, s'ouvrent aux sciences et qu'� l'apprentissage des mots
s'adjoigne celui des choses. Cependant, les retouches qu'on apporte sont loin de
tirer le Coll�ge de sa l�thargie, et le projet substantiel que r�dige
Horace-B�n�dict de Saussure en 1774 en faveur d'un apprentissage plus vari�
et plus �tendu (sciences exactes, exercices moraux et latin) rencontre une
opposition farouche. En plein si�cle des Lumi�res, le Coll�ge se cramponne
encore � l'id�al humaniste du 16e si�cle.
Nullement
affect� par l'occupation fran�aise, le programme ne conna�t de changements
sensibles que dans les ann�es 30 du XIXe si�cle. Tout d'abord, le Coll�ge est
d�doubl�: apr�s un tronc commun de fran�ais et d'arithm�tique, l��l�ve
s'engage dans la fili�re latine ou fran�aise; la r�partition actuelle des �tudes
en trois ann�es de cycle d'orientation suivies de quatre ans de coll�ge est la
lointaine h�riti�re du d�doublement tel que l'ent�rine la loi du r�gime
radical de 1848 qui fonde la Gen�ve moderne. Par ailleurs, c'est �galement au
cours du 19e si�cle que l'enseignement des langues vivantes �trang�res est
introduit et qu'on met fin � la pratique des ch�timents corporels.
L'organisation
moderne du Coll�ge remonte � 1886. La loi stipule qu'aux trois ann�es formant
un tronc commun succ�dent quatre ans de Coll�ge sup�rieur, divis� en quatre
sections (classique, latine, scientifique et moderne): les �tudes, entam�es �
l'�ge de douze ans, durent sept ann�es et sont sanctionn�es, au sortir de la
quatri�me, par l'examen de la maturit�.
Avec
l�introduction de la mixit� en 1969, l�ancien ��Coll�ge de Gen�ve��
de la rue Th�odore-de-B�ze a pris le nom de Coll�ge
Calvin et l�ancienne �cole sup�rieure de jeunes filles celui de Coll�ge
Voltaire.
Aujourd�hui,
le Coll�ge de Gen�ve comprend les
onze �tablissements qui dispensent la formation gymnasiale et qui sont regroup�s
en cinq r�gions. Le Coll�ge Calvin
appartient � la R�gion de la Cit�. Les �l�ves qui ont obtenu leur maturit�
en juin 2002 sont les premiers � avoir b�n�fici� de la nouvelle maturit�
gymnasiale�: les anciennes sections ont disparu, laissant la place � une
plus grande possibilit�s de choix progressifs offerts par les disciplines
fondamentales, les options sp�cifiques et compl�mentaires.
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