Comptes rendus
Hispania- Austria. Die Katholischen Kônige, Maximilian I. und die Anfà nge der Casa de Austria in Spanien/Los Reyes Catolicos, Maximiliano I. y los inicios de la Casa de Austria en Espana, publié par Alfred Kohler et Friedrich Edelmayer. Vienne/Munich, Verlag fur Geschichte und Politik/R. Oldenbourg Verlag, 1993, 189 p.
Voici les actes d'une rencontre austro-espagnole organisée à Innsbruck du 3 au 5 juillet 1992, sur le thème de l'Espagne et de l'Autriche au début des temps modernes. Du côté autrichien, Maximilien Ier est la figure de proue et nul mieux qu 'Hermann Wiesflecker, auteur d'une biographie en cinq volumes de l'empereur {Kaiser Maximilian I. Das Reich, Osterreich und Europa an der Wende zur Neuzeit, Vienne/Munich, 1971/86) ne pouvait évoquer ce personnage qui fut à la fois der letzte Ritter, le dernier chevalier â en témoigne toute son Åuvre littéraire qui en fait le dernier poète épique médiéval â et le fondateur de l'Autriche moderne et du destin international de la dynastie. On sait combien Wiesflecker réagit contre l'historiographie petite-allemande qui, à la suite de Ranke, fit de Maximilien le fossoyeur de la nation allemande, au profit de ses propres Ãtats patrimoniaux autrichiens. Pour Wiesflecker, Maximilien fut à la fois le défenseur d'un Empire chrétien à vocation universelle, l'édificateur de la puissance (l'armée des lansquenets et l'artillerie) et le promoteur du lien avec l'Espagne qui devait durer deux siècles. On connaît la formule Bella gérant alii, tu felix Austria nube. Alfred Kohler rappelle les doubles mariages, espagnols et jagellons. Mais Maximilien n'avait que deux enfants et ne voulait pas tout jouer sur la même carte. Il fallut la menace de Charles VIII sur le Roussillon et l'Italie pour que Maximilien acceptât la double union de son fils Philippe avec l'infante Jeanne et de sa fille Marguerite avec Juan, l'héritier des trônes de Castille et d'Aragon. On sait comment la mort de Juan et celle de l'infante aînée, reine de Portugal, fit de Jeanne l'héritière des Espagnes. Du côté des Jagellons, les pourparlers avaient commencé dès 1506. Le double mariage eut lieu en 1515, en un temps où l'on ne pouvait prévoir que la mort de Louis II à Mohâcs (1526) ferait de sa sÅur Anne et de l'époux de celle-ci l'archiduc Ferdinand, les héritiers des trônes de Bohême et de Hongrie. Encore fallait-il que le droit héréditaire fût reconnu dans ces monarchies traditionnellement électives. Les relations austro- espagnoles ne dataient pas du double mariage. Luis Suârez Fernandez rappelle que, dès 1469, Isabelle et Ferdinand avaient noué des liens avec Charles le Téméraire et l'Angleterre pour faire pièce aux ambitions françaises. Ils appuyèrent la candidature de Maximilien à la main de Marie de Bourgogne, et après la mort de celle-ci soutinrent le Habsbourg en difficulté aux pays-Bas. En 1485, ils combinèrent des plans matrimoniaux grandioses unissant les Transtamare, les Aviz, les Tudor et les Habsbourg, qui devaient assurer la paix européenne et rendre possible les grands projets du temps, l'exploration de l'Atlantique, la défense de la Méditerranée contre les Turcs et le développement commercial entre les Espagnols, les Anglais et les marchands des Pays-Bas. L'intensification des internationales nécessita la création d'un réseau diplomatique et Miguel Angel Ochoa Brun s'attache à déterminer les débuts des ambassadeurs ratione locorum et non plus ratione temporis, des souverains catholiques : Rome en 1482 (à moins que ce ne fût 1475), puis Londres en 1487, l'Empire ou plutôt Maximilien en 1493, Venise en 1494, Lisbonne en 1495, la France en 1499... Ces ambassadeurs, choisis dans toutes les provinces de l'Espagne ainsi qu'à Naples et en Sicile, pouvaient demeurer longtemps dans le même poste : Rodrigo
Revue d'histoire moderne et contemporaine, 43-2, avril-juin 1996.